La première fois que j’ai rencontré madame Leroux, elle m’a tendu son cahier 24x32 vert à spirale et a dit : « Je ferai mieux de tout jeter. »
À l’intérieur elle avait écrit, pendant des années et au crayon de papier, sa biographie.
Elle y parle de son enfance entre la ferme et la forêt qu’elle aime tant, de son mariage, des enfants, de ses loisirs, de sa dépression, ses études, ses passions, ses voyages, ses questions sans réponse.
C’est dans le désordre, c’est incomplet, c’est parfois écrit avec la maladresse de la sincérité, mais c’est là et c’est elle, et elle veut en faire quelque chose, elle veut transmettre.
Au fil des rendez-vous, on corrige, on organise, on rajoute des titres, des chapitres, des photos.
Et au fil des rendez-vous, elle prend en assurance, madame Leroux, ça fait plaisir à voir.
Elle se dit que, peut-être, ça pourrait intéresser ses enfants, finalement. Que, oui, c’est vrai, ça mériterait d’en faire un vrai livre, en fait.
Et puis même, après, enfin on verra, mais elle a ce carnet de poèmes, là, on pourrait le taper, lui aussi. Pourquoi pas.
Aujourd’hui, je remets à madame Leroux les 11 exemplaires de son livre, qu’elle a commandés pour elle et sa famille.
Elle a pleuré.
De joie, hein.
Et de fierté, aussi.
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