La femme de monsieur Thierry est décédée brusquement, d’une maladie foudroyante que personne n’a vue venir, le laissant seul avec son amour qu’il ne sait plus où diriger.
53 ans qu’ils étaient mariés.
Pourtant, quand je passe la porte de la maison pour ce premier rendez-vous, elle est partout : il a plastifié et punaisé sur les murs, les portes de placards, les pans de la bibliothèque, des photos A4 de son épouse bien-aimée.
Sur la table de la salle à manger, sur celle du salon, une exposition permanente de souvenirs : un bibelot ramené d’un voyage, son foulard préféré, le livre qu’elle lisait au moment de son décès.
Monsieur Thierry a posé sur le fauteuil de sa femme un grand portrait d’elle et la lettre qu’elle lui a écrite avant de mourir, encadrés.
Il s’assoit sur son fauteuil à lui, à côté, et pose tendrement sa main sur l’accoudoir comme il l’aurait posée sur celle de sa femme.
Je m’installe sur le canapé, en face.
« Vous comprenez, c’est tout ce qu’il me reste, notre vie à deux. Je voudrais l’écrire. »
La gorge de monsieur Thierry se serre, ses yeux s’embuent.
« C’est ce qui me maintient en vie. »
Vous et moi, nous allons faire un beau livre pour elle, monsieur Thierry.
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