Où l’on expérimente les effets thérapeutiques de l’écriture
Marion*, ça fait des années qu’elle la traine, son histoire. Elle a bien essayé, plusieurs fois même, d’écrire ce qui lui est arrivé. Elle n’y arrive pas. Enfin si, un peu, mais elle ne sait pas trop s’y prendre avec les mots, et de toute façon elle n’a jamais le temps, avec les gosses.
Les gosses, justement : c’est pour eux qu’elle fait ça. Pour qu’ils comprennent. Des fois, elle s’énerve, ils savent pas pourquoi, elle arrive pas à dire, mais c’est parce qu’elle a peur, c’est parce qu’elle les aime. C’est pas sa faute, il y a des trucs qui expliquent, elle espère qu’une fois que ce sera écrit, une fois qu’ils auront lu, ils lui pardonneront.
Alors on y va doucement. On laisse passer du temps entre les rendez-vous, elle a besoin de digérer.
Mais on avance.
Déchargée de ce qui lui pèse d’habitude, comme l’orthographe ou « faire des phrases qui veulent dire quelque chose », elle raconte enfin. Au fur et à mesure, ça devient plus facile et il y a même des rendez-vous où elle arrive avec un texte déjà écrit. « Bon, y a des fautes, hein… ». T’inquiète pas, on s’en fout des fautes, Marion.
Quand c’est fini, on trouve un titre, une photo, on peaufine le texte de la quatrième de couverture et on envoie tout ça à l’imprimeur.
Et voilà, Marion : tu l’as, ton livre à poser sur ta table de nuit et à mettre entre les mains de tes enfants.
Pour faire écrire votre récit de vie :
*Cherchez pas : les histoires sont vraies mais les noms sont tous inventés.
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